Le kitesurf, une invention en grande partie Bretonne
Dire que le kitesurf est une invention 100% bretonne serait un peu exagéré, car le kitesurf trouve ses racines au travers de courants distincts, mais on peut dire que l’inventeurs de l’aile de kite est breton. En effet, le kite à boudins gonflables utilisé aujourd’hui, et qui a permis l’essor du kitesurf, a été imaginé et développé par Bruno et Dominique Legaignoux, des bretons originaires du Finistère sud. Bruno et Dominique Legaignoux ont créé une aile de traction en 2 lignes, disposant d’une structure rigide gonflable, capable de redécoller de l’eau. Depuis le milieu des années 1980, Bruno Legaignoux utilise son invention pour se propulser sur l’eau en utilisant différents supports: canoës, skis nautiques, voiliers… Il remporte même un prix de l’ingéniosité lors d’une semaine de vitesse à la voile à Brest dans les années 1980, utilisant alors son aile, et des skis pour naviguer.
Mais le breton ne connaît pas de succès commercial, avec son concept qu’il a baptisé le « WIPICAT ». Son aile est peut-être trop technique aux yeux du public, et l’impossibilité de border ou choquer limite les performances, et l’accessibilité de son aile. Toutefois, Legaignoux s’obstine, convaincu par le potentiel de sa trouvaille. On l’aperçoit naviguer dans les baies de Douarnenez, Audierne et de Concarneau, sur diverses embarcations. Mais son invention a besoin d’une impulsion médiatique, et peut-être d’une forme plus tendance pour connaître le succès.
La Bretagne au coeur du développement du kitesurf
C’est à la fin des années 1990 que l’invention de Legaignoux va susciter un intérêt plus important, lorsque des professionnels des sports de glisse utilisent son aile pour se propulser sur un surf. Manu Bertin a effectivement importé le concept de l’aile gonflable à Hawaï, berceau de la glisse et du windsurf. Laird Hamilton, une légende qui incarne à lui seul le monde de la glisse aquatique, s’essaye à ce nouveau sport, alors baptisé « Flysurf ». Les médias s’emparent de l’évènement, et de grandes marques du windsurf, telles que « Naish » commencent à s’intéresser au phénomène.
De son côté, alors qu’il est de plus en plus sollicité, Legaignoux continue de faire évoluer son concept, l’aile n’est effectivement pas très performante pour remonter au vent, et surtout la configuration en 2 lignes limite son utilisation. Un système en 4 lignes, qui permet de jouer sur l’incidence du profil de l’aile, et donc de choquer et border, va accélérer l’engouement autour du flysurf.
Dans le sud de la France, des pionniers tels que Raphaël Salles, Mat Pendle, et Laurent Ness entre autres, explorent le côté aérien de ce nouveau sport. Les sauts qu’ils réalisent atteignent plus de 10 mètres de haut, cette nouvelle pratique impressionne!
L’évènement qui boulverse le monde de la glisse en Bretagne
En Bretagne, la marque hawaïenne Naish qui s’est lancée dans la commercialisation d’équipement de kitesurf, organise sa première « Naish Wave Party », dans le Finistère nord, à Santec, sur le spot du Dossen. Cet évènement va marquer les esprits, Robby Naish a fait le déplacement avec un team de riders. Robby Naish jouit d’une notoriété en Bretagne qui dépasse le milieu de la glisse, les gens ont encore en tête les images du champion bravant les éléments déchaînés lors des coupes du monde de windsurf sur le célèbre spot de La Torche, plus d’une décennie auparavant. Pourtant les conditions lors de la Naish Wave Party organisée en 2000, n’ont rien d’exceptionnelles, au contraire même, si une bonne brise souffle, les vagues font défaut. Pourtant dans ces conditions anodines, les prouesses de Robby Naish et son team de kitesurfers vont enflammer les milliers de spectateurs venus assister à l’évènement.
Parmi les riders du team, un certain Flash Austin (Marcus Austin), monte à des hauteurs encore inimaginables à l’époque, et le fait que ces sauts soient réalisés dans des conditions médiocres, sur un plan d’eau plat, va électriser la foule, et dévoiler tout le potentiel de ce sport en devenir. Sur le site du Dossen, 25000 personnes feront le déplacement, la prestation des kitesurfers du team Naish va complètement occulter celle des windsurfers présents, incapables de rivaliser d’un point de vue spectaculaire dans de telles conditions. Suite à l’évènement, des images vont inonder la toile du net, et se propager très largement sur les sites spécialisés dans les sports de glisse, mettant en avant les mérites du kitesurf.
Après l’évènement, les ailes de kitesurf à bordé/choqué de la marque Naish deviennent très convoitées, à tel point que s’en procurer une devient compliqué! De son côté Bruno Legaignoux, a créé sa propre marque d’équipement baptisée « Wipika ». La marque connaît également un succès grandissant, et se partage la part du marché avec son concurrent « Naish ». Entre les années 2000 et 2004, le kitesurf va connaître un incroyable essor, notamment en Bretagne, où des écoles d’apprentissage de la nouvelle discipline voient le jour. Aujourd’hui, la Bretagne reste une destination très prisée pour le kitesurf, car elle dispose de tous les atouts pour la pratique: statistiques de vent favorables, vastes espaces de pratique, et communauté importante.